1. La fonction grammaticale des tons en dioula
En dioula il existe un ton grammatical qui permet de distinguer la forme définie et la forme indéfinie des noms. La forme définie est noté sur la dernière voyelle au moyen d'un accent aigu dans les exemples de la colonne de droite :
Forme de l'indéfinie : Forme du définie :
baa «une chèvre» baá «la chèvre (en question)»
báa «un fleuve» báá «le fleuve»
soo «un cheval» soó «le cheval»
sóo «une maison» sóó «la maison»
Les tons sont différents dans un mot composé et dans un groupe nominal :
Par exemple
mùsó tɔ́gɔ́ «le nom de la femme (en question)»
mùsòtɔ́gɔ́ «nom de femme»
bàá kùún «la tête de la chèvre (en question)»
bàkún «tête de chèvre»
2. Les noms
«w» est la seule marque du pluriel. Il se prononce [ù] à la fin des noms, des adjectifs et de certains pronoms emphatiques/insistance.
wulu «chien» wuluw «chiens»
an «nous simple» anw «nous emphatique»
3. Les pronoms
3.1 Les pronoms personnels
Ces pronoms sont des pronoms sujets ou objets suivant l'emploi qu'on en fait:
ń ń naná. «Je suis venu(e).»
í (é) í naná. « Tu es venu(e).»
à à naná. «Il (elle) est venu(e).»
án án naná. «Nous sommes venus(es).»
á á naná. «Vous êtes venus(es).»
ò (ù) ò naná. «Ils / elles sont venus(es).»
Les pronoms emphatiques (pronoms d'insistance)
ńné ńné naná. «Moi, je suis venu(e).»
éle éle naná. «Toi, tu es venu(e).»
alé alé naná. «Il / elle est venu(e).»
ánw ánw naná. «Nous, nous sommes venus(es).»
áw áw naná. «Vous, vous êtes venus(es).»
olú (ulú) olú naná. «Eux, ils / elles sont venus(es).»
3.2 Les pronoms interrogatifs
⇒ mín ? (sg.) «où ?»
Tása bé mín? «Où est l'assiette ?»
⇒ mínw ? (pl.) «où ?»
A bɔra yɔ́rɔ mínw ná. «Les lieux d'où il est venu.»
⇒ mùn «quoi, que, qu'est-ce qui /que»
A bí mun báara kɛ? «Quel travail fait-il ?»
⇒ joli ? «combien ?»
A yé joli bɔ́? «Combien a-t-il enlevé ?»
⇒ jɔ́ɔn ? (sg.) «qui ?»
Jɔ́ɔn kúmana? «Qui a parlé ?»
⇒ jɔ́ɔnw ? (pl.) «qui ?»
Jɔɔnw kúnana? «Qui sont ceux qui ont parlé ?»
⇒ júman (sg.) «lequel, laquelle, quel, quelle»
Faní júmàn túnuna? «Quel habit est perdu ?»
⇒ júmanw (pl.) «lesquels, lesquelles, quels, quelles»
Faní jumanw túnuna? «Quels habits sont perdus ?»
⇒ di «comment, quoi, qu-est-ce que?»
Moussa kó di? «Que a dit Moussa ?»
Ń b'á kɛ́ di? «Comment vais-je faire ?»
3.3 Le pronom démonstratif
⇒ nin (sg.) «ce, cet, cette; celui-ci, celle-ci»
A yé nín san kúnù. «Il a acheté celui-ci hier.»
⇒ nunú (pl.) «ces, ceux-ci, celles-ci»
A yé nunú san kúnù. «Il a acheté ceux-ci hier.»
3.4 Le pronom indéfini
⇒ dɔ́ (sg.) «certain, quelque»
A yé dɔ́ san. «Il / elle en a acheté.»
⇒ dɔ́w (pl.) «certains, d'autres»
A yé dɔ́w san. «Il / elle a acheté certains.»
3.5 Le pronom totalisateur
⇒ bɛ́ɛ «tout, tous, toute, toutes»
A yé wári bɛ́ɛ ta. «Il a pris tout l'argent.»
Bɛ́ɛ bí kúmana. «Tous sont en train de parler.»
3.6 Le pronom possessif
⇒ táa (sg.) «appartient à»
Ńne táa lo. «C'est à moi.»
tááw (pl.) «appartiennent à»
3.7 Le pronom relatif
⇒ mín (sg.) «qui, que, lequel, laquelle»
Musó mín naná .... «La femme qui est venue ... »
⇒ minw (pl.) «lesquels, lesquelles»
Musó mínw naná ... «Les femmes qui sont venues ... »
4. L'ordre des mots
4.1 Dans la phrase intransitive
⇒ Sujet + verbe
Yiri benna. «L'arbre est tombé.»
⇒ Sujet + verbe + complément
Musa dogora boon kɔnɔ. «Moussa s'est caché dans la maison.»
4.2 Dans la phrase transitive
⇒ Sujet + objet + verbe (S+O+V)
Baba ye fani feere. «Papa a vendu un habit.»
/papa/passé/habit/vendre
5. Les marques du verbe
5.1 La marque de l'infinitif
«ka» est la marque de l'infinitif, Ce «ka» porte un ton bas.
ka taga «aller»; ka kuma «parler»; ka wari di «donner de l'argent»; k'a fɔ «le dire»
Dans une succession d'actions à sujet commun, «ka» sert de lien entre les verbes.
A tagamana ka ben, ka wili, ka boli.
«Il (ou elle) a marché, est tombé, s'est levé, a couru.»
5.2 L'affirmation et la négation
Le suffixe verbal de l'affirmative est soit -ra, -la ou -na (après une consonne nasale)
Fati donna soo kɔnɔ. «Fati est rentrée dans la maison.»
La négation pour ces cas est exprimée avec «má» suivi par la forme infinitive du verbe. «má» est placé avant le verbe.
Fati ma don soo kɔnɔ. «Fati n'est pas rentrée dans la maison.»
Négation de l'inaccompli/progressif ou habituel est «tí».
négation: A tí malo dumu. «Il ne mange pas du riz.»
La particule «yé» indique l'accompli affirmatif (le passé)
négation: Baba má fani feere. «Papa n'a pas vendu un habit.»
La marque du futur est «bínà» pour l'affirmatif et «tínà» pour la négative.
Négation: A tina malo dumu. « Il ne mangera pas du riz.»
5.3 L'aspect
L'aspect accompli et l'aspect inaccompli sont exprimés par les différentes marques du verbe.
5.3.1 L'aspect accompli des verbes intransitifs
L'accompli des verbes intransitifs se caractérise par les marques «-ra, -la, -na» pour l'affirmatif et «má» pour le négatif.
5.3.2 L'aspect accompli des verbes transitifs
L'accompli (passé) des verbes transitifs se caractérise par les marques «yé» pour l'affirmatif du passé et «má» pour le négatif :
Musa ma woro san. «Moussa n'a pas acheté de la viande.»
5.3.3 L'aspect inaccompli des verbes intransitifs et transitifs
L'inaccompli des verbes intransitifs et transitifs se réalise par les marques bi / ti;
bi ...-ra /-la /-na
ti ... -ra /-la/-na
bínà / tínà
ká / kánà
Exemples avec
⇒ l'inaccompli / progressif des verbes intransitifs:
Aff.: Musa bi bɔra. «Moussa est en train de sortir.»
Nég: Musa ti bɔra. «Moussa n'est pas en train de sortir.»
Aff.: Fati bi tɔɔrɔla. «Fati est en train de souffrir.»
Nég: Fati ti tɔɔrɔla. «Fati n'est pas en train de souffrir.»
Aff.: Zan bi nana. «Jean est en train de venir.»
Nég: Zan ti nana. «Jean n'est pas en train de venir.»
⇒ Inaccompli des verbes intransitifs (habituel)
Aff.: Zan bi na. «Jean a l'habitude de venir.»
Nég.: Zan ti na. «Jean n'a pas l'habitude de venir.»
⇒ Inaccompli des verbes intransitifs (futur)
Aff.: Án bina bɔ. «Nous sortirons.»
Nég: Án tina bɔ. «Nous ne sortirons pas.»
⇒ Inaccompli des verbes intransitifs (projectif)
Aff.: A ko Sita ka na. «Il dit à Sita de venir.»
Nég.: A ko Sita kana na. «Il dit à Sita de ne pas venir.»
⇒ Innaccompli des verbes transitifs (progressif)
Aff.: Musa bi sogo feerera. «Moussa est en train de vendre de la viande.»
Nég.: Musa ti sogo feererá. «Moussa n'est pas en train de vendre de la viande.»
Aff.: Musa bi woro sanná. «Moussa est en train d'acheter une noix de cola.»
Nég.: Musa ti wogo sanná. «Moussa n'est pas en train d'acheter une noix de cola.»
⇒ Inaccompli des verbes transitifs (futur)
Aff.: Musa bínà sogo feere. «Moussa vendra de la viande.»
Nég.: Musa tínà sogo feere. «Moussa ne vendra pas de la viande.»
5.4 Autres marques du verbe
5.4.1 Les marques du souhait
Les souhaits s'expriment en dioula à l'aide de «ká» à l'affirmatif et de «kánà» au négatif.
Affirmatif: Ala ka baraka don deen na. «Que Dieu bénisse l'enfant.»
Négatif: Ala kana baraka don soon na. «Que dieu ne bénisse pas le voleur.»
5.4.2 La marque de l'inactuel
«tun» est la marque de l'inactuel, elle peut être employé avec des verbes à l'accompli ou à l'inaccompli.
Lorsque le ton qui suit «tun» est haut, «tun» porte un ton bas.
Affirmatif: Musa tun tɔɔrɔra. «Moussa avait souffert.»
Négatif: Musa tun ma tɔɔrɔ. «Moussa n'avait pas souffert.»
Lorsque le ton qui suit «tun» est bas, «tun» porte une modulation montante.
A tun kalanna. «Il était instruit.»
5.5 L'impératif
L'impératif est utilisé pour donner des ordres. Il se reconnaît par une intonation particulière qui dicte ou ordonne.
⇒ 5.5.1 Cas de la deuxième personne du singulier
À la deuxième personne du singulier il n'y a pas de sujet et pas de marque du verbe à l'affirmatif. Le négatif se conjugué avec «kánà» aussi bien pour les verbes intransitifs que les verbes transitifs.
Affirmatif: Négatif:
Wíli ! «Lève-toi !» Kánà wíli ! «Ne te lève pas !»
Jíi min ! «Bois l'eau !» Kánà jíi min ! «Ne bois pas l'eau !»
⇒ 5.5.2 Cas de la première personne du pluriel
Les verbes se conjuguent avec «ká» marque du verbe à la première personne du pluriel, aussi bien pour les verbes intransitifs que pour les verbes transitifs.
Affirmatif: Négatif:
Án ká sigi ! «Asseyons-nous !» Án kánà sigi! «Ne nous asseyons pas !»
Án ká jíi min ! «Buvons l'eau !» Ám kánà jíi min ! «Ne buvons pas l'eau !»
⇒ 5.5.3 Cas de la deuxième personne du pluriel
Les verbes se conjuguent avec «yé» aussi bien pour les verbes intransitifs que pour les verbes transitifs.
Á yé sigi ! « Asseyez-vous !» Á kánà sigi ! «Ne vous asseyez pas !»
Á yé jíi min ! «Buvez l'eau !» Á kánà jíi min ! «Ne buvez pas l'eau !»
5.6 Les verbes de sens qualificatif
5.6.1 La forme affirmative et négative des verbes de sens qualificatif
La forme affirmative des verbes de sens qualificatif sont précédés de la marque «ká» (elle n'est pas à confondre avec la marque de l'infinitif à ton bas «kà») pour l'affirmatif et de «mán» pour le négatif:
Affirmatif: Négatif:
Sogo ká di. «La viande est bonne.» Sogo mán di. «La viande n'est pas bonne.»
Wari ká ca. «L'argent est beaucoup.» Wari mán ca. «L'argent n'est pas beaucoup.»
Contexte nasal de «mán» : Cette marque est réalisé «má» lorsqu'elle précède un verbe commençant par une consonne nasale.
Wari má ɲi. «L'argent n'est pas une bonne chose.»
5.6.2 Formes dérivées des verbes de sens qualificatif
Les verbes de sens qualificatif peuvent être dérivés avec le suffixe «man».
caman «beaucoup» ; diman «bon»; duman «profond»; kɔrɔman «âgé» etc.
Les verbes de sens qualificatif peuvent également être dérivés avec le suffix «ya», pour donner des noms de notions abstraites.
bonya «grosseur»; diya «goût»; dɔgɔya «petitesse»; dunya «profondeur» etc.
5.1 Tableau de structure de la proposition :
Muso fila | bi | jɛgɛ ni sogo | san. |
«femmes deux» | «en train» | «poisson et viande» | «acheter» |
syntagme nominal sujet | copule | syntagme nomial objet | verbe |
« Deux femmes achètent du poisson et de la viande. »
5.2 Tableau de copules pour les verbes transitifs :
affirmative | négative | |
présent | bí («en train de») | tí («ne pas en train de») |
passé | yé («a fait») | má («n’a pas fait») |
Exemples :
A bi malo san. « Il achète du riz. »
A ti malo san. « Il n’achète du riz. »
A ye malo san. « Il a acheté du riz. »
A ma malo san. « Il n’a pas acheté du riz. »
5.3 Tableau de pour les verbes intransitives :
affirmatif : | négatif : | |
présent | bi (« en train de ») | ti (« ne pas en train de») |
passé | -la /- ra / -na | ma |
Exemples :
A bi taga. « Il part. »
A ti taga. « Il ne part pas. »
A tagara. « Il est parti. »
A ma taga. « Il n’est pas parti. »
Les verbes transitifs et les verbes intransitifs connaissent un deuxième type de présent, qu’on peut appeler présent progressif.
Exemples :
vi A bi tagala. « Il est en train de partir. »
vt A bi malo tobila. « Elle est en train de faire cuire le riz. »
Deux types de syntagme complétifs
Il existe en dioula deux types de syntagmes complétifs (constructions du génitif) :
1) Les deux éléments se suivent sans connectif lorsque la relation est naturelle et inaliénable (par exemple entre père et fils, moi et ma tête etc.)
Exemples :
Musa bamuso. « La mère de Moussa. »
Saga kan. « Le cou du mouton.»
2) Les deux éléments sont relies avec le connectif ká ou taa lorsque la relation entre les deux termes est d’ordre contractuel ou aliénable.
Exemples :
Musa ka muru. « Le couteau de Moussa. »
N ka wari. « Mon argent. »
Ká peut être employé sans le deuxième terme du syntagme complétif.
Exemples :
A ka lo. « C’est le sien. »
Nne taa lo. « C’est à moi. »
Musa ka bi yan. « Celui de Moussa est ici. »
6.1 Postpositions formelles
Les postpositions formelles n’ont par elles-mêmes aucun sens. Elles sont au nombre de cinq : lá / ná, yé, mà, fɛ̀, kàn. Kàn peut être traduit par « sur » mais les autres quatre postpositions sont difficiles à traduire en français. L’emploi d’une postposition est en générale fixe pour chaque verbe (par exemple : fɔ ... ye. « donner à » ; di ... ma « donner à »).
Exemples :
A tagara lɔgɔfɛ la. « Il est allé au marché. »
Seen naani bi sigilan na. « La chaise a quatre pieds.
lit. ‘quatre pieds sont à la chaise’ »
A yen in fɔ Musa ye. « Il a dit cela à Moussa. »
A ye wari di Musa ma. « Il a donné l’argent à Moussa. »
Malo bi Musa fɛ. « Moussa a du riz. »
6.2 Postpositions lexicales
Les postpositions lexicales sont
Exemples :
kɔ́nɔ ventre « dans, au bout de »
kɔ́rɔ dessous, sens « à côté, près de »
bólo main « dans, par »
kɔ́ dos « après »
Exemples :
kɔ́_fɛ̀ dos + postp. « derrière »
ɲá_fɛ̀ œil+postp. « devant »
dá_fɛ̀ bouche +postp. « en face »
kɛ̀rɛ fɛ̀ côté+postp. « à côté »
Les mots composes sont très fréquent sen dioula. Ils peuvent être composés de divers éléments, comme le montrent les exemples ci-dessous :
bolo « main » + kan « cou » = bolokan « poignet »
bolo « main » + la « sur » + nɛgɛ « fer » = bololanigɛ « bracelet »
fani « tissu » + feere « vendre » + -la « celui qui » = fanifeerela « vendeur de tissu »
den « enfant » + misɛn « petit » + -ya « état de » = denmisɛnya « enfance »
Les adjectifs en dioula sont assez complexes. Dans un syntagme adjectival, l’ordre est toujours Nom + Adjectif. Plusieurs cas peuvent se présenter :
1) l’adjective suit le nom sans changement de forme.
Exemple :
nɔnɔ « lait » kumu « caillé » == nɔnɔ kumu « lait caillé »
dɛbɛ « natte » kolon «vieille » == dɛbɛ kolon « vieille natte »
2) l’adjective ne peut pas suivre le nom sans changement de forme ; à l’adjective s’ajoute alors le suffixe –man.
Exemples :
muso ca+man == muso caman « beaucoup de femmes »
Le suffixe peut changer la voyelle de la racine : di « bon » devient duman « bon » ; et ɲi «être bon, bien » devient ɲuman « être bon, bien »
3) Certaines adjectif peuvent avoir, lorsqu’ils suivent le nom, les deux formes interchangeables :
Exemples :
Deen jugu lo. « C’est un enfant méchant. »
Deen juguman lo. « C’est un enfant méchant. »
4) Dans la proposition les adjectives sont précédés de ká à affirmatif et de mán pour le négatif.
Exemples :
Sogo ka di. « La viande est bonne. »
Sogo man di. « La viande n’est pas bonne. »
La marque du pluriel –w est suffixée à l’ensemble du syntagme :
Muso ɲumanw lo. « Ce sont des femmes gentilles. »
Il existe en dioula trois participes, formés à partir du verbe par suffixation de
-len ou -nin (passé),
-tɔ (présent) et de
-ta (future).
Ces participes suivent le nom ou le pronom.
Exemples :
Baara kɛlen lo. Baara kɛnin lo. « C’est le travail fait. »
Baara kɛtɔ lo. «C’est le travail en train d’être fait. »
Baara kɛta lo. « C’est le travail à faire. »
Les participes peuvent fonctionnera comme qualificatifs dans un syntagme participial :
Exemples :
A ye malo tobinin san. «Il a acheté du riz préparé. »
Muso sigilenw / sigininw bi min ? « Où sont les femmes assises ?»
ou comme attributs ;
Exemple :
Musow siginin bi min ? « Où les femmes sont-elles assisses ?»
où le syntagme est musow, siginin est en fonction attributive.
10.1. Le conditionnel ní
ní est un élément qui sert à former des phrase complexes, il a une valeur conditionnelle ou temporelle ; ní est placé au début de l’énoncé. Dans une phrase complexe formée avec ní, le temps du verbe de la première partie de l’énoncé, comprenant ní, est au passé, l’action de la subordonnée étant antérieure a1 l’action de la principale.
Exemple :
Ni Musa nana, an be taga dɔn kɛ.
« Quand Moussa vient (lit. est venu), nous allons danser. »
Ni Musa tun nana, an tun bi taga dɔn kɛ.
« Si Moussa était venu, nous serions allés danser (mais il n’est pas venu). »
10.2. Le pronom relatif mín
Mín est un élément grammatical qui sert à former des phrases complexes : c’est un pronom relatif, qui ne devra pas être confondu avec mín, élément interrogatif (voire 2.2 en haut). Le pronom relatif se place derrière le nom auquel il réfère, l’ordre des éléments restant le même.
Exemple :
Muso min bi yan, n bamuso lo.
« La femme qui est ici est ma mère. »
Le relatif prend la marque du pluriel –w
Exemple :
A ye muso minw fo, n m’o lɔn.
« Les femmes qu’il a saluées, je ne les connais pas. »
11.1. Préfixation de lá- et le redoublement
Il existe en dioula plusieurs types de dérivations verbales dont les deux plus fréquentes sont la dérivation par préfixation de lá- et la dérivation par redoublement.
La dérivation de lá- transforme un verbe intransitif en verbe transitif. Un verbe transitif auquel est ajouté lá- reste transitif. Les verbes dérivés en lá- ont souvent une valeur factitive.
Exemples :
A ka Musa lana. «Il a fait venir Moussa. »
A ka Awa lakasi. « Il a fait pleurer Awa. »
Les verbes dérivés par redoublement ont une valeur de répétition, ou d’intensité.
Exemples :
fara « déchirer »
farafara « déchirer en petits morceaux, déchiqueter »
tigɛ « couper »
tigɛtigɛ « couper en petits morceaux, hacher »
11.2. Les suffixes –ma et -lama
Il y a aussi des qualifiants formés par suffixation de –ma ou –lama à des éléments nominaux.
Exemples :
kɔnɔ «ventre » ; kɔnɔma «ventrée, enceinte »
A muso kɔnɔma lo. « Sa femme set enceinte. »
hakili « esprit » ; hakilima « réfléchi »
Mɔgɔ hakilima lo. « C’est un homme réfléchi. »
yiri «bois » ; yirilama / yirima « en bois »
muso «femme » ; musoma « féminin, femelle »
jii «eau » ; jima «liquide »
11.3. Suffixation de -li / -ni
Un verbe transitif se nominalise par suffixation de -li / -ni. Il est alors lui-même employé comme objet dans un énoncé dont le verbe est le plus souvent kɛ « faire ».
Exemples :
A bi dumuni kɛ. « Il mange (il fait le ‘manger’). »
A ka tigɛli kɛ. « Il coupe (il fait le ‘couper’). »
Certains verbes intransitifs peuvent senomaliser par suffixation de –li / -ni.
Exemples :
na « venir » ; nali « La venue »
taga « partir » ; taali « le départ »
11.4. Le suffixe ko « affaire »
kó « affaire » est un nom qui peut se placer derrière n’importe quel nom ou verbe pour former un nom composé.
Exemples :
na « venir » ; nako / naliko « la venue »
wari « argent » ; wariko « ce qui concerne l’argent »
muso « femme » ; musoko « affaire de femmes, histoires de femmes »