Phonologie

Les tableaux phonémiques du kasɩm

Consonnes

Bilabiales Labiodentales Alvéolaires Palatales Vélaires Labio-vélaires Glottales
Occlusives sourde p t c k
sonore b d j g
Fricatives sourde f h
sonore v
Sifflantes sourde s
sonore z
Nasales sonore m n ny ŋ
Spirantes latérales sonore l
Vibrantes roulées sonore r y  w

Voyelles

 Aperture Antérieures Centrales Postérieures
Non-arrondies Arrondies
minimale      tendue

relâchée

i   ii

ɩ   ɩɩ

u  uu

ʋ    ʋʋ

moyenne tendue  

e ee

 

o   oo

               relâchée ɛ  ɛɛ ɔ   ɔɔ

maximale tendue

relâchée

ə   əə

a   aa

  1. Sommaire phonologique

Nous rappelons ici quelques données essentielles, utiles à la compréhension des faits grammaticaux. Pour transcrire le kasɩm on emploie un alphabet de 21 consonnes et de 10 voyelles :

1.1 Les consonnes

b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, ny, ŋ, p, r, s, t, v, w, y, z

La plupart de ces consonnes se prononcent d'une manière qui ressemble à celle du français. Mais il y a des sons qui sont représentés différemment qu'en français et d'autres qui n'ont pas d'équivalent en français:

1.1.1 Consonnes représentées différemment qu'en français

ny   cette double lettre représente un seul son qui est transcrit

en français par ‹gn› comme dans les mots français : «agneau, gagner, soigner, montagne» etc.

Exemples : nyaanɩ «coudre»,   nyoŋo «lion»

w     prononcé comme ‹ou› au début des mots français

            «oui, ouest» etc.

Exemples : waarʋ «le froid», wiiru «hyène»

Toutes les consonnes peuvent être suivies de la semi-consonne ‹w›.

Exemples :    bwiə  «questions»,   nwam     «viande»

cwəŋə   «chemin»,          zwɛ         «oreille»

1.1.2 Consonnes n'ayant pas d'équivalent en français :

c       est prononcé comme un ‹k› suivi d'un ‹y›, mais exprimé  simultanément; il est comparable à ‹tch› dans le mot     «Tchad».

Exemples : ceeri «raser», coro «poule»

Notons bien! Le ‹c› du kasɩm ne se prononce pas comme le ‹c› du français. L'équivalent au ‹c› français en kasɩm est ‹k› ou ‹s›.

j         est prononcé comme ‹g› et ‹y›, mais exprimé

simultanément; il est comparable au ‹j› anglais

John› «Jean», ‹jump› «sauter».

Exemples : jɩŋa «main», jɩnjɔŋɔ «chauve-souris»

Notez bien! le ‹j› du kasɩm ne se prononce pas comme le ‹j› du français. Il n’y a pas d’équivalent au <j> français en kasɩm.

ŋ       représentant les deux sons <n> et <g> réalisés

          simultanément comme dans les mots anglais/français ‹parking›, ‹camping›.

Exemples : ŋwaŋa «pitié», ŋʋna «corde»

Il y a des mots qui peuvent se terminer avec la nasale <-m>, qui est cependant une variante de la terminaison <-nɩ> ou <-ni> :

Exemples :        mim / mini   «feu»

m / bʋ     «chèvres»

sam / sa    «maisons»

sum / suni     «pintades»

1.2 Les voyelles

Le kasɩm comporte dix voyelles différentes:

a     ə     e    ɛ     i     ɩ     o     ɔ     u     ʋ

1.2.1 Voyelles représentées différemment qu'en français :

u        est prononcé comme ‹ou› dans les mots français

‹trou, sous› etc.

Exemples : kaku«chien», kuŋu «redunca»

Pour certaines voyelles on a choisi des signes nouveaux qui correspondent à l'Alphabet National.

ə          est prononcé d’une manière semblable à la prononciation de ‹e› dans les mots français ‹agréablement, demain› etc. (mais prononcé plus tendu).

Exemples : ləŋə «chant», ga-təgə «phacochère»

ɛ          est prononcé comme ‹è› ou ‹ê› dans les mots français

‹père, flèche, fenêtre› etc.

Exemples : kwɛ «écureuil»,           sɩrkwɛn   «hérisson»

ɔ        est prononcé comme ‹o› dans les mots français

‹corps, porte, robe, roche› etc.

Exemples : tɔrɔ    «musaraigne»,   nyɔŋɔ «vipère (bitis)»

1.2.2 Voyelles n'ayant pas d'équivalent en français :

ʋ       est prononcé entre ‹ou› et ‹o› (mais prononcé moins tendu)

Exemples : lʋ «accoucher», dʋnʋ «calao»

ɩ      est prononcé entre ‹é› et ‹i› (mais prononcé moins tendu).

Exemples : lɩ   «enlever»,   carɩ   «taupe-grillon»

1.3 Harmonie vocalique

L'harmonie vocalique est un phénomène d'assimilation vocalique. Le choix d'une voyelle dans une position donnée n'est pas libre, mais il est déterminé par la présence d'une autre voyelle donnée.

Le kasɩm comporte dix voyelles différentes. Ces voyelles se divisent en deux groupes :

Il y a le groupe des cinq voyelles prononcées avec la racine de la langue avancée. On les appelle les voyelles “tendues” (elles sont aussi appelées : avancées ou dures).

Ce sont les voyelles :   i     e     ə     o     u

Il y a le groupe des cinq voyelles prononcées avec racine de la langue retirée en arrière. On les appelle les voyelles "relâchées" (ou retirées, non avancées ou douces).

Ce sont les voyelles :    ɩ     ɛ     a     ɔ     ʋ

Chaque mot kasɩm tend à avoir des voyelles uniquement d'un groupe ou de l'autre. Autrement dit, on ne retrouve pas des voyelles tendues et relâchées dans le même mot (à l'exception des mots composés et des mots empruntés). Le système vocalique est partagé en deux groupes, ce qu'on appelle "harmonie vocalique".

Exemples:

voyelles tendues : i e ə o u     voyelles relâchées : ɩ ɛ a ɔ ʋ

digə           «case»                           tɩga         «terre»

weeru        «ordures»                       pɛɛrɩ       «cadeau»

cwəŋə        «chemin»                       waarʋ     «froid»

coro           «poule»                         tɔnɔ         «livre»

kunkwəri    «escargot»                     kapɩʋ       «capitaine»

 

1.4 Voyelles nasalisées

Les voyelles peuvent être nasalisées (lorsqu'on les prononce, le souffle ne s'échappe pas uniquement par la bouche mais à la fois par la bouche et par le nez). La nasalisation est signalée par un ‹n› à la fin d'une syllabe, comme c'est le cas en français, par exemple dans les mots «maison, bon etc.».

Exemples :

zanzan     «beaucoup»,         fɩnfɩɩn    «peu»,

diin          «hier»,                  vwan     «mensonge»,

n            «laver»,                fin         «se moucher»

swan       «fruits de karité»   

1.5 Redoublement de lettres

Des voyelles longues peuvent se trouver dans des mots monosyllabiques et des mots dissyllabiques. Elles sont écrites avec deux voyelles identiques.

Exemples :

sɔɔ «bruit», leeni «chanter», tuu «éléphant»

Deux consonnes identiques peuvent se suivre dans des formes du pluriel de certains noms et adjectifs.

Exemples :

fulu           «éventail»          fullu          «éventails»

kamunu     «grand»            kamunnu   «grands»

cʋrʋ          «cousin»           cʋrrʋ         «cousins»

1.6 Combinaisons de voyelles

A part le redoublement des voyelles, il existe plusieurs combinaisons de voyelles qui respectent l'harmonie vocalique.

Exemples :

       siə    «pois de terre»,    biə     «enfants»

ɩa       pɩa    «ignames»,          wɩa     «soleil»

iu      piu    «montagne»,        tiu      «baobab»  

ɩʋ       pɩʋ    «fusil»,                 vɩʋ     «feuille d’oseille»

    kuə    «os»,                   sisuə  «pintadeau»

ʋa     bʋa    «varan du Nil»       tʋa    «abeille»

Dans la forme écrite des verbes, on trouve d’autres combinaisons (voir «Guide d’orthographe Kasɩm» p. 47) :

Exemples :                                               Prononcé rapidement :

            O wʋra o saɩ.        «Il danse.»                      [sɛ]

əi            O bəi o yɩrɩ.          «Il appelle son nom.»       [be]

ɛa            O maa kɛa.          «Il passe.»                      [kɩa]

           O coə.                  «Il conduit.»                   [coə]

oe           O soe.                  «Il aime.»                       [swe]

ɔa           O tigi o dɔa.          «Il dort.»                        [dwa]

ɔɛ            O wɔɛ.                 «Il est malade.»               [wɛ]

ui            O yəni o tui.         «Il vient souvent.»           [twi]

1.7 Les tons

Le kasɩm comporte un système de trois tons ponctuels: ton bas, ton moyen et ton haut. Ces tons peuvent se combiner entre eux et donner lieu à différentes combinaisons. Normalement on ne marque pas les tons dans l’orthographe kasɩm (voir «Guide d’orthographe kasɩm») à l'exception de quelques mots grammaticaux qui portent un ton haut.

Comparez :

a          «je»                          wʋ          «négation : accompli»

á         «vous»                       wʋ́         «futur : affirmatif»

Dans la le livre «Grammaire élémentaire du kasɩm», dans la partie 5 Grammaire(Le verbe, pages 71 ss.), nous avons indiqué les changements tonals grammaticaux des verbes entre crochets (ex. [bà] ton bas, [bā] ton moyen, [bá] ton haut, [bǎ] ton montant) . Pour plus de détails sur les tons voir le «Dictionnaire kasɩm – français» où nous avons indiqué les tons des mots entre crochets.