Grammaire

3. Les limites et la forme orthographique des mots
Ils n'est pas toujours facile de déterminer les limites des mots et leurs formes orthographiques en lagwan. Dans le langage quoitdien, on trouve beaucoup de raccourcissements et d'élisions de voyelles. Par exemple, on entend souvent au marché riyaxkan ou même raxkan au lieu de riyal xkan cinquante francs. Comment représenter ces mots dans l'écriture ? Nous proposons deux principes pour nous aider à déterminier les limites et formes des mots en lagwan. Après avoir présenté ces principes, nous considérerons comment écrire les éléments grammaticaux les plus importants de la langue.

D'abord, un mot s'écrit d'une seule façon (Stark 2010: 156-157). C'est-à-dire, il a une seule image écrite. Le plus souvent, la façon d'écrire un mot suit la prononciation de ce mot en isolation. Dans le cas de riyaxkan et riyal xkan cinquante frances, pour garder une seule façon d'écrire ces mots, il vaut mieux les écrire riyal xkan. Dans les cas d'élision, il faut écrire des mots comme ils se prononcent en isolation. Par exemple, on dit souvent slaɗɨ main et puis slaɗa u ma main. Cependent, pour respecter le premier principe, il faut les écrire comme slaɗɨ a u ma main. Deuxièmement, un mot qui porte son propre sens s'écrit comme un seul mot et n'est pas attaché à d'autres mots. (Stark 2010:155-56). Par exemple, un adjectif possessif, comme a u ma ou à moi dans l'exemple précédent slaɗɨ a u ma main, se compose de deux mots qui portent leurs propres sens : a est une particule connective qui indique la possession et puis u est un pronom possessif qui indique la personne et le nombre du possesseur, en première personne singulier.

3.1 Les pronoms
3.1.1 Les pronoms personnels sujets.

En lagwan il y a plusieurs séries de pronoms personnels sujets qui précèdent un verbe conjugué. Ces pronoms indiquent le genre et le nombre du sujet ainsi que le temps et l'aspect de l'action du verbe (Aboukar 2003, Allison 2006:7). En général, nous proposons d'écrire ces pronoms comme des mots à part. Nous examinons les cinq séries de pronoms personnels sujets les plus importants et proposons des formes orthographiques.

Les pronoms personnels sujets de l'imperfectif
Les pronoms personnels sujets de l'imperfectif ont les formes suivantes.

Nous proposons de les écrire comme des mots à part, c'est-à -dire, séparés du sujet nominal qui les précède et du verbe qui les suit par des espaces. Nous savons que ces pronoms personnels sujets sont tellement associés au verbe qui les suit qu'ils sont regardés comme un seul mot. Nous proposons quand même de les écrire comme des mots à part afin de respecter le principe d'écriture selon lequel un mot s'écrit d'une seule facon.

Les pronoms personnels sujets du subjonctif
Les pronoms personnels sujets du subjonctif s'emploient dans une phrase qui exprime un souhait ou une bénédiction. Ces pronoms ont les formes suivantes:

Nous proposons de les ecrire comme des mots a part.

Les pronoms personnels sujets du progressif
Les pronoms personnels sujets du progressif ont les formes orthographiques suivantes. Notez bien qu'il y a trois pronoms qui ont des formes raccourcies.

Les pronoms personnels sujets du futur
Les pronoms personnels sujets du futur sont des pronoms composés. Nous proposons de les écrire comme un seul mot. Ils ont donc les formes suivantes:

Les pronoms personnels sujets du perfectif et conditionnel
En lagwan les pronoms personnels su ets du perfectif expriment que l'action du verbe s'est achevée ; ceux du conditionnel perfectif expriment que l'action avait la possibilité de s'achever, mais en fait, elle ne s'est pas achevée. Les deux paradigmes des pronoms se distinguent par leurs tons. Les pronoms du perfectif se prononcent avec un ton haut tandis que les pronoms du conditionnel perfectif avec un ton bas. En plus de ces différences de ton, les pronoms du 3.sg.m. se distinguent par la présence d une nasale initiale. Ces pronoms personnels su ets ont les formes orthographiques suivantes:

3.1.2. Les pronoms personnels disjoints.
Les pronoms personnels disjoints se trouvent souvent dans des phrases sans verbe. Dans ces cas, ils fonctionnent comme un pronom sujet. Dans d autres contextes, ils sont utilisés pour mettre l'accent sur quelque chose. Nous proposons les formes orthographiques suivantes.

3.1.3 Les pronoms du complément d'objet direct et d'objet indirect
Les pronoms du complément d'objet direct et d'objet indirect se distinguent par leurs tons. Les pronoms du complément d'objet direct se prononcent avec un ton bas ; ceux du complément d'objet indirect se prononcent avec un ton haut. Comme les tons ne sont pas représentés orthographiquement en lagwan, nous proposons les formes orthographiques suivantes.

Les pronoms du complément d'objet suivent le verbe directement. Nous les écrivons comme un mot à part.

Les pronoms du complement d'objet inanimé
En lagwan il y a des pronoms du complément d'objet inanimé: li, le, . Ils remplacent un complément qui est inanimé. Comme les autres pronoms du complément d'objet, ils suivent le verbe directement. Ils suivent aussi des prépositions. Nous proposons de les écrire comme des mots à part.

3.1.4 Les pronoms possessifs indépendants
Les pronoms possessifs indépendants se composent d'une particule connective suivie d'un pronom possessif. La particule connective s'accorde en genre et en nombre avec le mot auquel elle renvoie. Le tableau suivant montre les formes orthographiques pour les pronoms possessifs indépendants.

Notez bien que nous écrivons ces pronoms comme deux mots à part, la particule connective et puis le pronom possessif. Notre proposition suit bien les principes pour déterminer les limites et les formes des mots. En écrivant ha u, hɨna u, et hiya u, nous respectons le principe qu'un mot s'écrit d'une seule façon. En plus, en les écrivant comme deux mots à part, nous respectons le deuxième principe qui stipule qu un mot qui porte son propre sens s'écrive comme un seul mot et ne soit pas attaché à d'autres mots.

3.1.5 Les pronoms démonstratifs indépendants
Les pronoms démonstratifs indépendants servent à désigner du doigt quelque chose qui est soit proche soit éloigné de la personne qui parle. Le tableau suivant montre les formes orthographiques pour les pronoms démonstratifs indépendants.

3.2 Syntagme nominal
En lagwan le syntagme nominal est caractérisé par plusieurs sortes d'élision de voyelles et de raccourcissements de mots. Pour écrire des syntagmes nominaux d'une façon systématique, nous proposons les formes orthographiques et les règles d'écrire suivantes.

3.2.1 Les adjectifs et les propositions relatives
En lagwan les adjectifs et les propositions relatives suivent le substantif qu'ils modifient. Ils sont liés au substantif par des particules connectives. Ces particules connectives indiquent le genre et le nombre du substantif. Un substantif masculin singulier est suivi de la particule connective a, mais un substantif féminin singulier est suivi de la particule ɨn. Un substantif pluriel, quel que soit son genre au singulier, est suivi de la particule i. Nous proposons les formes orthographiques suivantes pour ces particules connectives.

Notez bien que ces particules s'écrivent comme un seul mot qui est séparé du substantif qui le précède et du modificateur qui le suit par une espace.

3.2.2. Les adjectifs démonstratifs.
En lagwan les ad adjectifs démonstratifs suivent le substantif qu ils modifient. Dans le cas où le substantif est masculin singulier, l'adjectif démonstratif est ama. Dans le cas d'un substantif féminin, on utilise ɨnne. L'adjectif démonstratif est iyye avec un substantif pluriel. Nous proposons les formes orthographiques suivantes pour les adjectifs démonstratifs.

3.2.3. Les articles définis.
Les articles définis suivent le substantif qu ils modifient. Ces articles s'accordent avec le genre et le nombre du substantif. Dans le cas où le substantif est masculin singulier ou pluriel, l'article est ale. Dans le cas d'un substantif féminin, on utilise ne. Nous proposons les formes orthographiques suivantes pour les adjectifs définis.

3.2.4 Les adjectifs possessifs.
Les adjectifs possessifs suivent le substantif qu ils modifient. Ils se composent d'une particule connective suivie d'un pronom. Ces particules connectives s'accordent avec le genre et le nombre du substantif. Dans le cas où le substantif est masculin singulier ou pluriel, la particule est a. Dans le cas où le substantif est féminin, la particule est na. Le tableau ci dessous présente les formes orthographiques pour les adjectifs possessifs.

Notez bien que ces adjectifs possessifs s'écrivent comme deux mots qui sont séparés par une espace. Nous proposons ces formes orthographiques parce que les deux particules connectives apparaissent non seulement avec des pronoms mais aussi avec des substantifs. Voici quelques exemples des particules connectives avec des pronoms et des substantifs.

En écrivant bɨnni a Mana le mur de Mana et puis bɨnni a u mon mur, nous respectons le principe qu un mot s'écrit d'une seule façon. En revanche, si on écrivait l'adjectif possessif comme un seul mot, c'est à dire, au à moi, on serait obligé d'écrire la particule connective comme un mot à part lorsqu'l suit un substantif, comme d'écriture. En plus, en écrivant les particules connectives comme des mots à part, nous respectons le deuxième principe qui dicte qu'un mot qui porte son propre sens s'écrive comme un seul mot et qu'il ne soit pas attaché à d'autres mots.

3.2.5 La construction associative.
La construction associative se forme lorsqu'un substantif est suivi d'un deuxième nom qui en complète son sens. Ce deuxième nom est lié au substantif par des particules connectives. Ces particules connectives indiquent le genre et le nombre du substantif. Dans le cas où le substantif est masculin singulier, la particule est e. Dans le cas où le substantif est féminin, la particule est ɨl. Dans le cas où le substantif est pluriel, la particule est i. Nous proposons donc les formes orthographiques suivantes pour ces particules connectives.

3.3 Le syntagme verbal

3.3.1. Le verbe à l'impératif

La plupart des verbes ne changent pas leur forme orthographique à l'impératif. Cependent plusieurs verbes qui se terminent par la voyelle e  ou i  montrent un changement de leur voyelle finale à l'impératif. Enfin, plusieurs verbes avec la voyelle ɨ qui se terminent par une consonne paraissent avec une voyelle finale à l'impératif. En plus de ces changements de voyelle, l'impératif se forme en ajoutant des pronoms lorsqu'on parle à plus d'une personne. Nous proposons d'écrire ces pronoms comme des mots à part. 

L'impératif du verbe gɨr aller est irrégulier. Nous proposons les formes orthographiques suivantes.


3.3.2 Les particules verbales.

Nous présentons les formes orthographiques de quatre sortes de particules verbales. Ces particules verbales suivent le verbe et modifient aussi le sens du verbe dans une certaine mesure. En général, nous proposons d'écrire ces particules verbales comme des mots à part. 

La particule réfléchie zi, comme le se en français, exprime l'idée d' une action réfléchie. Cette particule suit le verbe.

En lagwan il y a des particules directionnelles qui précisent le sens d' un verbe. Même s'ils fonctionnent parfois comme des adverbes, ils sont étroitement liés aux verbes. Parmi les particules directionnelles les plus courantes sont watin par terre, ghwaa en haut, fine dehors, et vɨn à l'interieur. Nous proposons d'écrire ces particules comme des mots à part.

La particle verbale he suit un verbe transitif.

La particule verbale d'achèvement ya  exprime l'idée de certitude par rapport à l'achèvement d'une action exprimée par un verbe. Dans le cas d'une phrase à l'imperfectif, cette particule exprime la certitude que l'action soit bien achevée. Dans le cas d'une phrase au futur, elle exprime la certitude que l'action sera achevée. A l'impératif, par contre, cette particule exprime l'idée d'insister sur une action particulière. Dans l'exemple à l'impératif, elle rend l'impératif plus fort en exprimant l'idée que le locuteur veut vraiment que l'action soit faite. 

Lorsque la particule ya suit une autre particule verbale qui se termine par la voyelle [e] comme he ou fɨne, les deux particules se prononcent comme un seul mot. Plus précisément, he ya se prononce comme [ha], et fɨne ya se prononce comme [fɨna]. Nous écrivons ces particules toujours comme des mots à part comme dans les exemples ci-après.