Grammaire

Il est bien de connaître le lexique d’une langue. Mais si l’on n’associe pas à cette connaissance lexicale celle de la grammaire, cette connaissance lexicale reste stérile. La grammaire permet de voir comment les unités lexicales s’organisent les unes par rapport aux autres pour produire des énoncés communicatifs. Par ailleurs, sa maîtrise est une garantie pour la vie de la langue en question.

Dans cette esquisse, il est question des principaux points constituant le soubassement de l’orthographe et de la syntaxe du nawdm.

Les pages suivantes permettront au lecteur de comprendre les entrées et leurs utilisations dans le dictionnaire.

En annexe, nous vous proposons les nombres cardinaux.

1. LA SYNTAXE

La syntaxe est la partie de la grammaire qui étudie les règles régissant les relations entre les mots ou les groupes de mots à l’intérieur d’une phrase.

Parlant des règles et relations, il en existe plusieurs en nawdm. La maîtrise de ses multiples règles et relations est la preuve de la parfaite connaissance du nawdm, que ce soit sa lecture ou son écriture.

La phrase étant l’élément principal de la syntaxe, nous partirons d’elle pour mettre en exergue ses composantes qui ne sont rien d’autre que les catégories grammaticales.

1.1.  La phrase simple et ses composantes

Il existe en nawdm deux types de phrases : la phrase verbale et la phrase non verbale. La phrase non verbale n’est constituée que d’un ou de deux éléments : un nom ou un adverbe et un actualisateur.

Burgun.............. C’est une chèvre.

Kpaalaa nnii........ C’est tout.

Concernant la phrase verbale, elle peut être simple ou complexe. Quand elle est simple, elle se compose d’un verbe qui en est l’élément central et qui assume la fonction de prédicat. Il est généralement précédé d’un nominal en fonction de sujet et fréquemment suivi d’un ou plusieurs nominaux en fonction d’objets.

GR-01_Phrase simple

Elle peut aussi facultativement comporter des éléments non obligatoires appelés circonstants qui donnent un apport d’information quant au temps, au lieu et à la manière.

Mà burgu kpiira dindiin. .......... Ma chèvre est morte hier.

Burgu jul moot taa kankaa. ..... La chèvre mange de l’herbe derrière chez nous.

Buga sira burgu vaat hɔm. ...... L’enfant a donné de l’herbe à la chèvre en quantité.

1.2.  La phrase complexe et les conjonctions

Au cas où la phrase est complexe, elle comporte des conjonctions de coordination ou de subordination entre deux ou plusieurs propositions. Il existe donc deux types de phrases complexes selon qu’on a affaire à la subordination ou à la coordination.

1.2.1.  La subordination

La subordination est caractérisée par l’introduction d’une conjonction dans une proposition, ce qui fait d’elle une subordonnée. Celle-ci peut suivre la proposition de départ, comme par exemple avec la conjonction na que :

GR-02a_Phrase complexe1La subordonnée peut aussi précéder l’autre proposition, comme par exemple avec la conjonction ka si :

GR-02b_Phrase complexe2

1.2.2.  La coordination

La phrase coordonnée est caractérisée par la présence en son sein des coordonnants, n, t, ka, n ka et t ka.

Hormis ces coordonnants cumulatifs, nous avons aussi des coordonnants alternatifs laa et laa … le.

Ĥà nyira daam n jum diit. ............. Il a bu de la boisson et a mangé de la nourriture.

Ĥà nyira daam, wii t jum diit. ........ Il a bu de la boisson, et lui a mangé de la nourriture.

Ĥà nyil daam ka ku hɛruɦ’. ............ Il boit de la boisson à en être ivre souvent.

Ĥà nyira daam ka ba di diit. .......... Il a bu de la boisson sans avoir mangé de nourriture.

Ĥà ba nyi daam, wii t ka ju diit. .... Il n’a pas bu de la boisson et lui a mangé de la nourriture.

¿ Ĥà bawran laa, bà sira-wu le ?.... A-t-il volé ou bien lui a-t-on fait un cadeau ?

Certains de ces coordonnants peuvent apparaître non seulement entre deux propositions, mais aussi entre deux noms :

Ĥá fɔg̈wu n ɦà bii san kpam. ......... Sa femme et ses enfants sont allés aux champs.

Mà yandaa san kpam laa yaku. ..... Mon oncle est allé aux champs ou au marché.

2. LES CATÉGORIES GAMMATICALES

Une catégorie est une classe dans laquelle on range des objets, des personnes, des actions, présentant des caractères communs.

En grammaire, une catégorie est un ensemble de termes ayant une structure comparable et la même fonction ou le même ensemble de fonctions. On peut donc avoir la catégorie des noms, des verbes, des adjectifs, etc.

2.1.  Le nom : hidr (h.)

Le nom est généralement un mot qui désigne un être vivant, une chose abstraite ou concrète. Dans le dictionnaire, les noms sont généralement entrés à la forme du singulier, le pluriel étant marqué par la suite, par exemple rond, pl. rona, igname. Certains noms cependant étant plus fréquents à la forme du pluriel en nawdm sont entrés sous cette forme, le singulier étant donné ensuite, par exemple namt, sg. namgu, viande. Il existe aussi des noms qui n’ont pas de forme du singulier (par exemple nyeet, ténèbres, obscurité) et d’autres qui n’ont pas de pluriel (par exemple muunu, soleil).

Dans le dictionnaire, après l’entrée suivie de la prononciation et généralement du pluriel (Pl.) ou éventuellement du singulier (Sg.), on indique les pronoms de classe qui permettent de faire correctement l’accord, par exemple :

GR-02c_Nom

L’abréviation h. ka/hi indique qu’il s’agit d’un nom (h. = hidr) et que les pronoms d’accord sont ka au singulier et hi au pluriel.

Le nom peut désigner un individu (par exemple : Maroba) ou un lieu précis (par exemple : Nyamtgu). On a alors affaire à un nom propre écrit toujours avec une majuscule à l’initiale. Il peut encore être donné à toutes les choses, à tous les êtres conçus comme appartenant à une même catégorie (par exemple : homme, arbre, volaille…). Le nom est dans une autre mesure une appellation qui permet de le distinguer d’un autre dans le langage.

En nawdm, les noms sont caractérisés par leurs fonctions et leur structure.

2.1.1.  Les fonctions du nom

Les noms peuvent assumer diverses fonctions dans une phrase.

  • Sujet

Kɔrga tɔɦl malɦa. ....................... La poule picore du maïs.

  • Objet

Baaba kura kɔrga. ...................... Papa a tué une poule.

  • Circonstant

Ĥà ree fuut kɔrgan. .................... Il a sorti les intestins de l’intérieur de la poule.

  • Complétant

Kɔrga taagr kaɦdgn. ................... La cuisse de la poule est cassée.

  • Complété

Huraa kɔrga bɔdan. .................... La poule du chef est perdue.

  • Qualifié

Kɔrfeelga ɦogaan. ...................... La poule blanche couve.

  • Prédicat

Kɔrga nnii. ................................ C’est une poule.

2.1.2.  La structure du nom

En nawdm, le nom a la structure suivante :

BASE LEXICALE + SUFFIXE DE CLASSE

Le suffixe de classe caractérise l’identité du nom par rapport aux autres catégories grammaticales.

2.1.2.1.  Les suffixes de classe

Tous les noms du nawdm ont un accord spécifique, que ce soit au singulier ou au pluriel. Les noms qui ont les mêmes accords se retrouvent en un groupe appelé classe.

Les suffixes de classe en nawdm se présentent selon le tableau ci-dessous. Dans ce tableau, par mesure de clarté, les suffixes sont séparés du radical par un trait d’union qui cependant ne fait en aucun cas partie de la forme orthographique.

GR-03_Classes nominalesLe suffixe de classe sert de déterminant à sa base nominale. Il a pour fonction d’identifier, ce qui lui confère le nom d’identifiant et à la base nominale celle d’identifié. Grâce à cette identification, on reconnaît non seulement le degré de détermination (spécifique ou non spécifique) et le nombre du nom, mais aussi parfois une information sémantique qui sert de dérivation.

2.1.2.2.  La base nominale

La base nominale est la partie centrale du nom, celle qui porte le sens. Elle peut être simple, c’est-à-dire ne comportant qu’un radical, ou bien complexe, c’est-à-dire comportant plus d’un radical. Pour les bases complexes, on distingue les bases dérivées constituées par un radical auquel s’adjoint un suffixe dérivatif, et les bases composées constituées par deux ou plusieurs radicaux ou bien encore par un radical et une base dérivée.

riidgu (rii- + -d- -gu)..................................... puisette (puiser + agent) dérivé

baŋkpaam (baŋ- + kpaa- -m).......................... huile rouge (palmier + huile) composé (radical + radical)

baŋkpurkpaam (baŋ- + kpur- + kpaa- -m).......... huile de palmiste (palmier + noyau +huile) composé (rad. + rad. + rad.)

dakuuda (daa- + kuu- + -d- -a)...................... ivrogne (boisson + tuer + agent) composé (radical + dérivé)

2.2.  Le pronom : hidr tɔgiitgu (h.t.)

Le nawdm identifie plusieurs types de pronoms : les pronoms personnels et les pronoms de classe ; le pronom réciproque, les pronoms démonstratifs, les pronoms indéfinis, les pronoms de manière et les pronoms spatio-temporels.

2.2.1.  Les pronoms personnels

Les pronoms personnels désignent les deux participants du discours, à savoir la première personne, ou pronom locutif, qui renvoie à celui qui parle, et la deuxième personne ou pronom allocutif désignant celui à qui l’on parle. Ils ne peuvent jamais assumer la fonction de complété, ce qui les différencie des pronoms de classe.

Le pronom personnel est caractérisé par la personne (1ère, 2ème), le nombre (singulier, pluriel) et le degré de détermination.

GR-04_Pronoms pers      1.       La forme simple correspond aux valeurs non spécifiques. Selon le contexte tonal, le ton est haut ou bas. Les pronoms sujets (à gauche du verbe) et possessifs (à gauche du nom) sont toujours écrits dans l’orthographe avec leur ton comme des mots à part. Les pronoms objets (à droite du verbe) et vocatifs (à droite du nom) sont toujours joints dans l’orthographe au mot en question par un trait d’union. En position de sujet, le pronom de 2ème personne du singulier peut se réduire à son ton.

Ka má kwe namt, mà si-v. ................ Si je coupe de la viande, je t’en donnerai.

Ka mà kwe namt, mà daan. ............... Si j’ai coupé de la viande, je viendrai.

Buga-v ! ....................................... Toi, enfant.

Tˋ sira-n diit. .................................. Nous vous avons donné de la nourriture.

(ˋ) Soɦdg-ma hɔm. .......................... Tu m’as bien reçu.

2.       La forme anaphorique renvoie à une personne introduite précédemment. Elle correspond un peu à ce que l’on exprimerait en français par « moi qui vous parle, je … »

Maa kpaa mi tintii. ................. Moi qui vous parle, je ne sais rien de ces choses.

¿ Nii bɔɦɔɔ-ma tet ? ............... Vous qui êtes là, que me dites-vous ?

3.       La forme emphatique correspond à la valeur définie du spécifique. Elle permet d’insister sur la personne même. Elle s’emploie aussi à la deuxième personne comme pronom vocatif (servant à interpeller), et à la première personne du pluriel dans l’impératif.

Man lee, mà kpaɦ mà bee. ........... Quant à moi, je ne pourrai pas.

Ven ! Daan waa ! ....................... Toi, viens ici.

Tn ked-n ! ................................ Allons-y !

Les pronoms emphatiques ont, comme le nom, une forme spéciale lorsqu’ils sont suivis d’un autre complément du verbe, forme obtenue par adjonction du suffixe –wu.

Ĥà sira manwu daam. ................... À moi, il a donné de la boisson.

Le pronom de 2ème personne du singulier peut prendre la valeur d’indéfini humain singulier, en particulier dans les textes procéduraux.

Ka vˋ mɔɦ haar, lˋ ba na vˋ kpogl want saɦ’. .... Quand on construit une maison, il faut d’abord réunir le matériel.

2.2.2.  Les pronoms de classe

Les pronoms de classe correspondent à ce que la grammaire traditionnelle appelle la 3ème personne. Ils sont en accord de classe avec le nom qu’ils représentent. Lorsque la classe est inconnue, ou lorsque des mots de classes différentes doivent être repris par un pronom, on utilise le pronom neutre hors classe 1. Ce pronom s’utilise comme tous les autres, toutefois, en position d’objet, on ne peut avoir que la forme spécifique.

Comme pour les pronoms personnels, les pronoms de classe varient quant au ton en fonction du contexte tonal. Quand ils sont sujet (à gauche du verbe) ou possessif (à gauche du nom), on les écrit dans l’orthographe avec leur ton comme des mots séparés. Quand ils sont objets (à droite du verbe), on les unit avec un trait d’union. Quand ils sont appropriatifs ou interrogatifs (à droite du nom), ils sont séparés du nom par le morphème appropriatif re ou le morphème interrogatif te auxquels ils sont joints dans l’orthographe. L’interrogatif de classe ɦa singulier n’existe pas, il est remplacé par la forme wen utilisée aussi pour les personnels. Le neutre n’a ni la forme appropriative ni la forme interrogative.

GR-05_Pronoms de classe

2.2.3.  Le pronom réciproque

Lorsqu’on veut signifier que l’action exprimée par le verbe est faite aussi bien par le sujet sur l’objet que par l’objet sur le sujet, on utilise le pronom réciproque. Il est aussi utilisé lorsque les personnes mentionnées possèdent en commun une même chose. Notons qu’il a une forme unique.

Bà lagii taa bà sumii. ....................... Ils se sont échangé leurs assiettes.

Taa scklb ba hɔm. ......................