Orthographe

L’orthographe est l’ensemble des règles régissant l’écriture des mots d’une langue. Le principe de base d’une orthographe pratique est d’avoir un symbole (une lettre) pour chaque son distinctif de la langue. On appelle « son distinctif » un son qui s’oppose à un autre dans la langue, cette opposition servant à distinguer le sens de deux mots.

Ainsi, en nawdm, d et r s’opposent dans les mots :

daaga.............. mâle

raaga............... petite forêt

Cependant, il existe en nawdm, des sons symbolisés dans l’orthographe par deux lettres. Ce sont :

gb, gw, kp, kw, ny, ŋm.

On note aussi, dans l’orthographe du nawdm, bien des lettres qui n’existent pas en français et qui font la différence entre le nawdm et le français. Il s’agit des consonnes comme : gb, gw, kp, kw, ɦ, ŋ, ŋm.

1.  Les voyelles

1.1.  Les voyelles brèves

En nawdm, il y a 7 voyelles : a, e, ɛ, i, o, ɔ, u. Elles sont pratiquement les mêmes que celles du français. C’est seulement au niveau de la graphie qu’on note un écart. En effet la voyelle "ɛ" du nawdm correspond à "è" du français. La voyelle "e" du nawdm correspond à "é" du français[1]. On veillera donc à ne jamais marquer de ton ou d’accent pour "e" en nawdm.

La voyelle "o" se prononce comme le "o" du français dans des mots comme « dos », « tôt »[2].

La voyelle "ɔ" est aussi identique à "o" ouvert du français dans des mots tels que « porc », « sorte ».

La voyelle "u" du nawdm correspond à "ou" du français.

1.2.   Les voyelles longues

Lorsqu’on entend tirer un peu sur une voyelle, on la double en écrivant. C’est dans ce cas qu’on parle de voyelles longues. Toutes les voyelles ont leurs correspondantes longues en nawdm.

PH-01_Voyelles longues

2.  Les consonnes

Le nawdm compte 24 consonnes : b, d, f, g, gw, gb, h, ɦ, j, k, kw, kp, l, m, n, ny, ŋ, ŋm, r, s, t, v, w, y.

Parmi ces consommes, les unes comme b, d, f, r, t sont toujours pratiquement identiques à celles du français, tandis que les autres : g, gb, gw, h, j, k, kp, kw, m, n, ny, ŋ, ŋm, v sont au moins partiellement spécifiques au nawdm.

Nous attirons votre attention sur la consonne ɦ qui est inconnue du français et est constituée par une coupure brusque de l’air qui produit les autres sons, ce qui donne l’impression qu’elle rend la voyelle plus forte ou plus pleine. Elle a un plein statut de consonne, au même titre que les autres et peut apparaître en début, au milieu ou en fin de mot.

ɦafaaŋu ............ le porc

kuɦdga ............. le tamis

jaɦ ................... un peu

3.  Le relâchement

Le relâchement est l’audition de la résonance d’une petite voyelle à l’intérieur ou à la fin de certains mots. Il est présent dans les verbes, dans les noms et dans les pronoms, mais on ne l’écrit jamais.

Kad ! ................ Assieds-toi ! (on entend un petit e après le d)

tab ................... l’arc (on entend un petit e après le b)

Lˋ diɦn. .............. C’est fini. (on entend un petit e muet après l et un petit i entre le ɦ et le n)

Nous précisons que c’est seulement avec les consonnes que l’on parle de relâchement.

4. Le ton

Le ton est important tant en nawdm parlé qu’en nawdm écrit. Le nawdm connaît deux tons distinctifs, le ton haut symbolisé par un accent aigu (ˊ) et le ton bas symbolisé par un accent grave (`). Le ton est d’une grande importance en grammaire, dans la mesure où il permet de distinguer les aspects verbaux et donne le sens correct à une phrase. Par exemple :

Ĥà daan weem. .................. Il est venu tôt.

Ĥá daan weem ! ................. Qu’il vienne tôt.

Grâce au ton, on peut distinguer un mot d’un autre. Par exemple :

fíígú. ................ la natte

fììgú. ................ la roche

Dans l’orthographe, seuls les pronoms sont écrits avec un ton et c’est à partir du ton du pronom qu’on en déduit la tonalité de tout le reste d’une phrase.

Dans le dictionnaire, tous les tons sont indiqués entre crochets […] après le mot en entrée pour permettre la prononciation correcte des mots.

5.  Les lettres de l’alphabet nawdm

La liste des lettres de l’alphabet du nawdm est présentée ci-dessous dans l’ordre alphabétique. On notera que pour faire la différence entre des suites de deux consonnes et une consonne représentée par deux lettres, la première consonne d’une suite est écrite avec un tréma. Ceci permet de distinguer :

PH-02_TremaPH-03_Alphabet

6.  Standardisation de l’orthographe et prononciation variable

Les lettres décrites précédemment sont celles utilisées pour écrire les mots du nawdm. Ces lettres, ou symboles orthographiques sont des phonèmes. L’orthographe des mots est basée essentiellement sur la phonologie, mais avec quelques ajustements selon la morphologie. Ainsi, un morphème ou un phonème peut être prononcé de différentes manières selon sa position dans le mot (en début, en milieu ou en fin de mot), ou varier de prononciation selon les dialectes. Ce phénomène crée d’énormes difficultés dans la standardisation de l’orthographe des mots. Néanmoins, on est parvenu dans la standardisation à arrêter la règle suivante : on retient une lettre ou un ensemble de deux lettres au niveau de l’orthographe que chaque locuteur lit selon la prononciation de son parler.

Ainsi "kw" se lit [kɥ] à Ténéga, [k] à Baga, Koka et Niamtougou, [f] à Siou et à Banaa. Par exemple kwiɦr dix se dit à Ténéga : [kɥiɦr] ; à Baga, Koka et Niamtougou : [kiɦr] ; à Siou, Banaa : [fiɦr].

"gw" se lit [gɥ] à Ténéga, [g] à Koka, Baga et Niamtougou, [b] à Siou et [gb] à Banaa. Par exemple gwiɦiim sable se dit à Ténéga : [gɥíɦiim] ; à Koka, Baga et Niamtougou : [giɦiim] ; à Siou : [biɦiim] ; à Banaa : [gbiɦiim].

"g" initial se lit [j] à Ténéga, Siou et Banaa alors qu’à Koka, Baga et Niamtougou on lit [g]. Par exemple gaaga ébénier se dit à Ténéga, Siou et Banaa : [jaaga] ; à Koka, Baga et Niamtougou : [gaaga].

"ŋm" se lit [ŋm] à Koka, Baga, Ténéga et Banaa, alors qu’à Niamtougou et Siou on lit [m]. Par exemple ŋmɛnga oiseau se dit à Koka, Baga, Ténéga et Banaa : [ŋmɛnga] ; à Niamtougou et Siou : [mɛnga].

"v" se lit [v] à Koka et Niamtougou, alors que partout ailleurs on lit [b]. Par exemple vooga calices de kapokier se dit à Koka et Niamtougou : [vooga] ; à Baga, Ténéga, Siou et Banaa : [booga].

"dr" se lit [rr] à Siou, et parfois aussi à Ténéga et Banaa, alors qu’à Koka, Baga et Niamtougou on lit [dr]. Par exemple kpadr noix de rônier se dit à Siou (Ténéga et Banaa) : [kparr] ; à Koka, Baga et Niamtougou : [kpadr].

7.  L’orthographe des mots composés

Il existe en nawdm deux sortes de mots composés.

1.  Il y a des mots composés de deux ou plusieurs radicaux, mais un seul suffixe de classe. Dans ce cas, on écrit en un seul mot.

baŋkpaam ....... l’huile rouge

Ici, on reconnaît les deux radicaux baŋ- palmier, et kpaa- huile ainsi que le suffixe de classe –m.

2.  Il y a aussi des mots composés de deux mots dont le premier peut aussi apparaître seul. Dans ce cas, on écrit les deux mots séparés.

Nyamtgu tia ................ quelqu’un de Niamtougou

saamaa laŋkpadga ........ l’ananas

Tous les mots composés de deux mots complets sont écrits en deux mots séparés, même s’ils se traduisent par un seul mot en français.

8.  Les signes de ponctuation

Le nawdm a globalement les mêmes signes de ponctuation que le français. Cependant, on note un écart au niveau de l’interrogation et de l’exclamation. En effet, le nawdm a deux points d’interrogation de part et d’autre de la question au lieu d’un seul en finale en français.

¿ Ĥà ɦɛna bee ? ........... Que fait-il ?

On remarque aussi que le point d’interrogation en fin de question peut parfois être suivi d’un autre signe de ponctuation.

Ĥá gbaam-wu na ¿ fɔg̈wii ba tee ?, n gɛt ka ked. ... Il lui a demandé : où est cette femme ? Et il a continué son chemin.

Quant au point d’exclamation, il est utilisé dans deux cas en nawdm : à la fin d’une phrase impérative et après les interjections.

Ked haaga ! ................. Va à la maison.

Hai ! Mà sa ! ................ Pardon, mon père !

9.  Le trait d’union

Le trait d’union a une spécificité en nawdm et s’utilise dans deux cas :

1.  Entre un verbe et un (ou plusieurs) pronom(s) objet(s) :

Bà sira-ma diit. .......... On m’a servi de la nourriture.

Bà sira-ma-t. ............. On me l’a servie.

2.  Dans l’impératif pluriel :

Jum-n ! ..................... Mangez.

Tn jum-n ! ................ Mangeons.

[1] Dans le parler de Siou, la voyelle transcrite e est plus fermée et plus lâche et correspond à la voyelle [ɪ] de l’alphabet phonétique international.

[2] Dans le parler de Siou, la voyelle transcrite o est plus fermée et plus lâche et correspond à la voyelle [ʊ] de l’alphabet phonétique international.