Introduction

Le nawdm est une langue parlée au Togo dans la Région de la Kara, et plus précisément dans la Préfecture de Doufelgou. Cette langue est connue sous plusieurs appellations dont « loso » (ou « losu »), et « nawdm » (parfois orthographié « naoudem » ou « nawdam »). Le premier de ces termes est impropre et ambigu. Il est donné par d’autres groupes linguistiques pour désigner les Lamba (de Yaka, d’Agbandé et de Défalé) et les Nawdba (ceux qui parlent le nawdm).

La Préfecture de Doufelgou comprend cinq (5) cantons où on parle le nawdm à savoir : Niamtougou, Koka, Baga, Ténéga et Siou. Le nawdm est aussi parlé dans les villages de Bogawaré et de Kawa-Bas dans le canton de Pouda, et dans le village de Koré-Nata dans le canton de Massédéna, toujours dans la préfecture de Doufelgou. Historiquement, ces derniers sont les descendants du village de Banaa, autrefois situé à peu près à équidistance de Koka, de Ténéga et de Siou-Kpadb, aux abords de ce qu’on appelle actuellement la SORAD, d’où ils ont été chassés par les gens de Baga peu avant l’arrivée des allemands. Les voisins immédiats des Nawdba dans cette préfecture sont : au Nord, les Lamba de Défalé ; au Sud, les Kabyè de Pya ; à l’Est, les Kabyè de Massédéna et de Péssaré ; à l’Ouest, les Lamba d’Agbandé et de Yaka.

De nombreux Nawdba ont quitté l’actuelle préfecture de Doufelgou pour le centre et le sud du Togo et pour le Ghana, à la recherche de terres cultivables et de travail, ce qui fait qu’actuellement un quart seulement des Nawdba réside dans la préfecture de Doufelgou, les trois autres quarts vivant dans des fermes entre Sokodé et Notsé, ainsi que dans les villes principales, Kara, Sokodé et surtout Lomé (voir la carte dans la section "Langue"). Les données brutes du recensement de 1980 donnent 111 579 « Lossos » au Togo. Avec les corrections nécessaires et en tenant compte de l’accroissement de la population, on peut estimer en 2013 à près de 250 000 le nombre de locuteurs du nawdm au Togo[1].

Selon les classifications les plus récentes (Bendor-Samuel, 1989[2] ; Heine et Nurse, 2004[3]), le nawdm appartient au groupe yom–nawdm de la sous-famille Oti-Volta des langues gur ou voltaïques centrales, la famille gur étant une branche des langues Niger-Congo. Ces classifications sont basées sur le travail de linguistique historique et comparative de Gabriel Manessy[4] qui a démontré que le nawdm n’était pas, comme certains l’avaient d’abord cru, un dialecte du mooré, mais une langue qui, tout en étant certes apparentée au mooré, appartient cependant à un autre sous-groupe linguistique.

Le nawdm n’est parlé qu’entre ses locuteurs. Quelques rares locuteurs non natifs s’intéressent également à cette langue. Jacques Nicole, après des études sur la phonologie et la grammaire, s’est intéressé à la dialectologie et a regroupé les variantes en trois grands groupes, à savoir : les parlers de l’Ouest (regroupant les variantes des cantons de Niamtougou, de Koka et de Baga) ; les parlers de l’Est (qui regroupent les variantes de Siou-centre, de Konfaga-Koukou, de Hagou, de Kpadb, et de Jogrergou), et les parlers du Centre (regroupant les variantes de Ténéga et de Banaa)[5]. Il convient cependant de noter qu’il y a une intercompréhension entre ces différentes variantes. Ce dictionnaire est basé sur le parler de Koka, qui constitue la base de la forme couramment utilisée dans les documents écrits issus des travaux de l’ASDN (Association pour la Sauvegarde et le Développement du Nawdm), avec l’appui technique de SIL.

Nous sommes conscients que cet ouvrage, le premier du genre, comporte des lacunes et des imperfections. Nous comptons sur vos remarques et suggestions pour l’améliorer.

Les Auteurs.

[1] Le chiffre donné par Ethnologue (https://www.ethnologue.com/language/nmz) est de 146 000, mais est en-dessous de la réalité.

[2] Bendor-Samuel, John T., ed., 1989, The Niger-Congo languages. A classification of Africa’s largest family, Lanham : University Press of America. L’article sur les langues gur est de Naden, Anthony Johua, pp. 140-168.

[3] Heine, Bernd, et Nurse, Derek, éd., 2004, Les langues africaines, (traduction française de African languages. An introduction, Cambridge : Cambridge University Press, 2000), Paris : Karthala. L’article sur les langues Niger-Congo est de Williamson, Kay, et Blench, Roger, pp. 21-54.

[4] Voir en particulier Manessy, Gabriel, 1975, Les langues Oti-Volta ; Classification généalogique d’un groupe de langues voltaïques, Paris : SELAF, 314 p.

[5] Nicole, Jacques, 1987, Le nawdm et ses parlers locaux. Étude phonologique synchronique et comparative d’une langue voltaïque du Togo, (Thèse de Doctorat d’État), Nice : Faculté des lettres et sciences humaines, 626 p.